La coupe du monde 2022, une honte environnementale et humaine

La coupe du monde 2022 est problématique, tant d'un point de vue écologique qu'humain, nous vous expliquons pourquoi dans cet article.

Le 20 novembre marque l’ouverture officielle de la coupe du monde de football se déroulant au Qatar. Contrairement à 2018 où l’ambiance était à la fête, cette nouvelle édition pose de nombreux problèmes et laisse un sentiment de malaise auprès des supporters. 

Et pour cause, le choix du pays pose problème : le Qatar a essuyé de nombreux scandales concernant le respect des droits de l’Homme, l’impact écologique des travaux pour la mise en place de la compétition, mais surtout, ce qui choque le plus l’opinion publique reste les nombreux morts sur les chantiers liés à la coupe du monde. 

Grâce à cet article vous comprendrez pourquoi certaines villes en France comme Paris, Lyon, Lille et Marseille ont décidé de ne pas diffuser les matchs en public.

  • Une catastrophe écologique 

Le Qatar est un pays chaud, à cette période de l’année, les températures se situent entre 19 et 29 degrés. Le pays a massivement investi dans des climatiseurs afin de garder une température ambiante dans les stades de foot, à la fois pour les joueurs et les supporters. Mais quel est l’impact écologique de telles installations ? 

Le Qatar est connu pour être un pays très pollueur et énergivore, il détient à lui seul le record mondial d’émission de CO2 par habitant, on pourrait penser que l’organisation de la coupe du monde n’a fait qu’aggraver l’empreinte écologique du pays. 

Selon les ingénieurs responsables de l’organisation de la coupe du monde, les climatiseurs dans les stades de foot seraient alimentés par des panneaux solaires et dotés de capteurs afin de limiter les excès de consommation. Ces nouvelles technologies seraient donc plus durables que les techniques existantes en termes de climatisation. Cependant, après vérification de la part de BASIS, association anglaise spécialisée dans le sport durable, ces nouvelles technologies n'ont pas fait l’objet d’un brevet, il n’y a aucun moyen de savoir à ce jour si ce système de climatisation est moins polluant comme le promet le Qatar. 

L’autre problème concerne la construction des stades de foot, ce sont des installations éphémères et elles seront détruites à la fin de la coupe du monde. 7 stades sur 8 ont été construits pour accueillir la compétition. Le coût écologique de la construction de ces stades ne sera donc pas amorti dans le temps. Ces stades pourront accueillir entre 40 000 et 80 000 personnes et ont tous été construits assez proches les uns des autres afin de limiter les longs déplacements des supporters, ce qui serait un bon point pour l’écologie. Les organisateurs du mondial expliquent qu’une ligne de métro a été construite exprès pour éviter qu’il y ait trop de voitures en circulation et serait la preuve de leur bonne volonté pour la protection de l’environnement. 

Cependant, plusieurs problèmes se posent : le Qatar est un pays qui n’a pas la capacité d’accueillir autant de monde venant des quatre coins du globe, il n’y a pas assez d'hôtels près des stades de foot pour accueillir l’ensemble des supporters. Nombreux d’entre eux devront séjourner dans les États voisins, nécessitant plus de 160 vols quotidiens pour rejoindre Doha, la ville où se déroule les matchs. 

Ainsi, malgré la volonté de la ville de réduire au maximum les longs déplacements, on peut voir que c’est un échec. Dès le départ, la ville n’était pas en mesure d'accueillir un tel événement sans avoir à engager des travaux très coûteux pour l’environnement. 

Bien que l’organisateur de la coupe du monde promette que l’évènement sportif sera neutre en carbone, de nombreuses ONG et associations pour l’environnement restent sceptiques face à cette promesse en expliquant que les émissions de carbone sont inévitables étant donné l’étendue du projet et que les crédits carbone destinés à compenser ces émissions seront insuffisants.

Selon un rapport publié en 2021 par la FIFA, la coupe du monde devrait générer au minimum 3.63 millions de tonnes de dioxyde de carbone, certaines associations écologiques estiment que ce chiffre pourrait être jusqu’à 8 fois plus important, venant décrédibiliser totalement la promesse d’une coupe du monde neutre en carbone.

D’après les rapports de l’ONG Carbon Market Watch, les organisateurs de la coupe du monde passeraient sous silence les émissions de carbone émises dues à la construction des stades, en effet, la construction des 7 stades de foot ont nécessité des quantités astronomiques d’acier, de verre et de ciment importés des quatre coins du monde. Pour illustrer le propos, la construction du stade de Lusail a nécessité plus de 6 000 tonnes d’acier.

Il reste aussi la question de la déconstruction des stades à la fin de la coupe du monde, les organisateurs se veulent rassurants et expliquent que les stades ont été faits avec des matériaux recyclables, le ciment et l’acier mobilisés ont vocation à être réutilisés pour éventuellement des futurs événements sportifs dans d’autres pays. Bien que l’idée semble bonne sur le papier, en réalité se pose la question du transport de toute cette matière première, ce qui n’est évidemment pas mentionné dans les bilans écologiques des organisateurs de la coupe du monde.

Afin de témoigner de leur bonne volonté sur l'environnement, les autorités qataries ont mis en avant le fait que l’organisation de la coupe du monde a reçu la certification « 5 étoiles » délivré par le GSAS, le Global Sustainability Assessment System, ensuite validée par la FIFA. Cette certification témoigne du respect d'un certain nombre d'engagements environnementaux dans le but de rassurer l’opinion publique. Mais lorsqu’on regarde de plus près, cette certification a été délivrée par le gouvernement qatari lui-même ce qui n’est pas du tout transparent. Autrement dit, cette certification ne vaut rien.

Ces problèmes environnementaux sont au cœur de l’actualité et choquent l’opinion publique étant donné qu’en Occident, les différents gouvernements demandent aux populations de faire preuve de responsabilité et de sobriété afin de protéger l’environnement mais en même temps de tels événements ont lieu et sont en totale contradiction avec le discours véhiculé par les gouvernements.

  • Des conditions de travail inhumaines et mortelles : 

Ce qui choque le plus l’opinion publique concernant cette coupe du monde reste de loin le nombre terrifiant d’ouvriers morts dans la construction des stades de foot. Selon une enquête du Gardian, 6 500 travailleurs seraient morts depuis 2010. En moyenne, 12 travailleurs sont morts chaque semaine depuis décembre 2010.

Lorsque les journalistes essaient d’en savoir plus sur les conditions de travail des ouvriers au Qatar, ils sont confrontés à de nombreuses difficultés, les ouvriers n’osent pas parler car il est impossible de contester le régime qatari sous peine d’être exclu du territoire définitivement. Il n’est pas possible pour eux également de revendiquer de meilleures conditions de travail ou du moins des conditions de travail décentes puisque toute manifestation, blocage ou grève sont formellement interdits.

Lorsque l’on interroge les autorités, les nombreux décès observés pendant les travaux pour la coupe du monde seraient à 60% d’origine naturelle ou dûs à des arrêts cardiaques. Cependant de nombreux médecins ont démenti cette possibilité, en effet, les travailleurs sont des hommes jeunes, il est peu probable à un tel âge d’observer tant de morts naturelles. Les autorités tentent de cacher les statistiques liées à ces morts et de minimiser la gravité de la situation.

Les causes de décès sont nombreuses, certains travailleurs témoignent : blessures graves, chutes de hauteur, asphyxies, électrocutions, fortes chaleurs causant du stress thermique et même suicides.

Il existe quelques témoignages venant de travailleurs du Qatar dénonçant les conditions de vie infernales : des habitations insalubres infestées de cafards et de punaises de lit, de l’humidité, de la moisissure, peu de commodités pour se nourrir, pour se doucher, une surpopulation dans les bâtiments…

Le Qatar est incapable de protéger sa main-d'œuvre migrante et refuse même d’enquêter sur les causes des décès de ces travailleurs, laissant leurs familles dans l’incompréhension totale.

Face à cette situation entachant l’image de la compétition sportive, l’organisation de la coupe du monde s’exprime et dit regretter profondément ces tragédies et affirme avoir enquêté sur chaque incident afin que des leçons soient tirées et montrer sa volonté d’être transparente sur ce sujet. 

Source : https://www.amnesty.fr/responsabilite-des-entreprises/actualites/qatar-2022-un-an-pour-mettre-fin-a-lenfer-des-travailleurs-migrants
  • Les droits de l’Homme bafoués 

Le Qatar est un pays arabo-musulman de tradition wahhabite où la religion occupe une place importante au sein de la société. Les femmes ainsi que les minorités présentes dans le pays souffrent de ce conservatisme religieux. 

Dans un rapport de Human Rights publié en 2020, on apprend que les femmes continuent de souffrir de discriminations et ne disposent pas de libertés fondamentales leur permettant de mener une vie décente. Mariées ou non, les femmes sont toujours sous tutelle soit de leur père, frère ou mari, elles ne peuvent pas disposer de droits économiques fondamentaux, elles ne peuvent pas se déplacer comme elles veulent, elles doivent avoir l’autorisation de leur tuteur pour travailler, passer des examens et étudier et ne sont même pas tutrices de leurs propres enfants.

Des femmes ont affirmé qu’elles doivent fournir une preuve de mariage pour obtenir certains soins médicaux liés à la grossesse comme des échographies et des examens gynécologiques. Elles ont également besoin de l’accord de leur mari pour avoir recours à l’avortement. Ainsi, au Qatar, les femmes ne sont pas libres de disposer de leur propre corps. 

Le gouvernement se défend et affirme que les femmes peuvent agir d’elles-mêmes et qu’elles n'ont pas besoin de l’autorisation de leur tuteur pour accepter une bourse ou pour travailler. Cependant, les recherches effectuées par Human Rights Watch, et les nombreux témoignages recueillis montrent le contraire.

Les personnes LGBTQ+ également souffrent de discriminations, les relations homosexuelles sont illégales au Qatar et sont passibles de prison. Cela ne s’arrête pas là, de nombreux témoignages attestent des violences physiques et morales faites à leur égard mettant en danger leur vie en raison de leur identité de genre et /ou sexuelle. Les autorités publiques ou même les personnalités publiques du Qatar ne cachent pas leur homophobie. Le Qatar arrête, emprisonne les LGBT et les soumet à une thérapie de conversion.

Voici les propos de Mohamed Aboutrika, ancien international égyptien et consultant sur l'antenne arabe de Bein SPORTS basée à Doha au Qatar.

« Pour lutter contre ce phénomène, l'anomalie sexuelle que constitue l'homosexualité, il faut éduquer et raisonner les jeunes. Ce phénomène ne correspond pas à notre foi et ne correspond pas à notre religion. » 

Mais alors qu’en pense le président du comité d’organisation du mondial, Nasser al-Khater, si vous êtes homosexuel mais que vous êtes fan de foot, pouvez vous aller au Qatar quand même ? 

« Les personnes LGBTQ+ qui viendront au Qatar en tant que supporters et participants à un tournoi de football pourront faire ce que tout autre être humain ferait ». On sait que cela n'englobe pas « les démonstrations publiques d'affection » qui sont « désapprouvées » par une loi qui entend « s'appliquer à tout le monde ». 

Autrement dit : venez, mais attention à ne pas trop montrez que vous êtes homosexuel car vous êtes quand même dans un pays où d’ordinaire vous serez puni pour ce que vous êtes, c’est-à-dire différent des autres êtres humains… Et tant pis pour les locaux qui eux continuent de vivre la peur au ventre de se faire découvrir. 

Source : https://www.caracteres.media/qatar-2022-une-defaite/

Face à ces nombreux scandales, de nombreux joueurs ont réagi, certains demandent de séparer la politique du foot afin de profiter des matchs et de la compétition, car au fond, le plus important est de soutenir les Bleus, d’autres sont scandalisés et tentent de montrer leur désapprobation et leur soutien aux minorités souffrant du régime Qatari.

Par exemple, Zinédine Zidane demande d’oublier les polémiques autour de la coupe du monde afin de profiter de la compétition : « Je pense qu'il faut justement laisser la polémique de côté et laisser la place au jeu et la place à la coupe du monde pour tous les passionnés qui veulent voir juste du football et parce que de toute façon, ce que l'on va dire sur la polémique, sur quoi que ce soit, ça ne sera jamais juste, ça ne sera jamais vrai, ça ne sera jamais opportun. »

Sa position, bien que problématique, n’est pas étonnante puisque Zidane a été un ambassadeur et rémunéré pour porter médiatiquement le projet de la coupe du monde au Qatar. Il aurait gagné au moins 3 millions d'euros pour ce projet.

Autre scandale, Hugo Lloris a déclaré il y a quelques jours qu’il ne porterait pas le brassard arc-en-ciel symbole de la communauté LGBT pendant les matchs de foot. Ce qui est malheureux n’est pas tellement le geste mais plutôt sa justification assez maladroite. Le capitaine des Bleus préfère « se prêter aux règles » du pays. « Lorsqu’on accueille des étrangers en France, on a l’envie qu’ils se prêtent à nos règles et respectent notre culture. J’en ferai de même lorsque j’irai au Qatar. Je peux être d’accord ou non sur leurs idées mais je vais montrer du respect par rapport à ça. ». Depuis quand l’homophobie est considérée comme faisant partie de  la culture d’un pays ? 

Harry Kane, capitaine anglais, a prévu de porter le fameux brassard arc-en-ciel alors que ces mêmes couleurs sont interdites au Qatar. Le joueur anglais risque d'écoper d'un carton jaune dès le début du match, voire pire. Les joueurs anglais ont l'intention de revendiquer leur droit à manifester et apporter leur soutien aux différentes minorités oppressées au Qatar. 

Philippe Lahm, capitaine de l’équipe allemande, voudrait qu’à l’avenir les droits de l’Homme deviennent un critère fondamental lors des grands événements sportifs, regrettant que la coupe du monde se déroule au Qatar, pays où il déclare « les homosexuels sont toujours criminalisés, les femmes n’ont pas les mêmes droits que les hommes, la liberté de la presse et la liberté d’expression sont restreintes. »

Fabien Bonnel, cofondateur de l’association de supporters Irrésistibles français a annoncé qu’il ne regarderait pas ce mondial. « La condamner, c’est ne pas la regarder. Et c’est le vrai poids que nous pouvons tous avoir. » Et vous, boycottez-vous la coupe du monde ? 

Source image de couverture

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